Femmes et philosophie : penser autrement ?

Être femme signifie-t-il penser autrement ? Telle est la question, travaillée pendant deux ans de séminaire de recherche entre philosophes et écrivaines, dont ont débattu les participant.e.s de deux passionnantes journées d’études qui se sont déroulées les 30 et 31 mars dernier au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris).

Réponse : oui… et non !

Oui parce que les femmes, qui sont entrées tard dans la pensée philosophique – et pour cause ! –  abordent souvent les questions d’une manière bien à elles : à partir du corps, de l’intimité, du primat de la relation. Elles vivent depuis le fond des âges l’endurance de la chair et l’endurance du monde, particulièrement résistantes à l’attente et à la patience, selon les belles expressions de Catherine Charlier, et ouvrent des chemins d’interrogations plus que de certitudes : « je perçois les choses de telles manières, mais : et les autres ? » se disent-elles, semble-t-il, plus facilement que des penseurs masculins qui peuvent être facilement convaincus d’être d’emblée dans l’universel.

Non parce que cette spécificité n’est nullement une exclusivité ! Elle met simplement en lumière une manière d’aborder le monde selon des perspectives qui viennent enrichir la pensée et dont tout penseur, homme ou femme, a intérêt à s’emparer.

« Chaque être humain a besoin de multiples racines », disait Simone Weil.