« Venez et voyez », quelle audace !

Je m’appelle Bérengère, j’ai 34 ans. J’exerce les fonctions de chargée d’éducation à la paix pour le mouvement d’Église Pax Christi France. J’ai participé à la 2e promotion de l’année Meryemana-Célah (2016-2017), qui a été un temps fondateur pour moi au lendemain de mon baptême en 2015.

Avant d’intégrer l’année, j’avais travaillé quatre ans et demi au service de demandeurs d’asile et de réfugiés issus de pays dont on parle tragiquement aujourd’hui… l’Ukraine, le Caucase (surtout la Tchétchénie) et la Russie.

Le principal fruit reçu cette année-là a été, pour moi, la confiance pour parvenir à suivre l’audace de l’Esprit-Saint. Cela a l’air tout simple dit comme cela, mais il s’agit d’une vraie grâce. Faire preuve d’audace à l’échelle d’une vie humaine requiert du courage pour accepter des renoncements parfois douloureux. L’audace vous invite et vous incite à aller au-delà de vous-même et de vos limites.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est lors d’une année d’intériorité, à l’écart, dans la commune d’Ermont, que j’ai reçu un appel fort pour aller aux périphéries du monde ! On pourrait penser que prendre un temps de recul et se détacher du monde nous éloigne. Au contraire, le monde vient à vous et avec encore plus de force !

Grâce aux outils transmis par l’année Meryemana-Célah – la pratique quotidienne de la prière, l’apprentissage du discernement, la fréquentation régulière des Écritures, un cadre propice pour entendre les appels profonds de Dieu – j’ai pu prendre la décision audacieuse de ne pas retourner dans mon association en fin d’année et de partir en mission en Kabardino-Balkarie, dans le Caucase russe.

J’ai posé un acte de foi et j’ai suivi la parole du Christ : « Venez et voyez. » Je me suis laissé conduire par Dieu qui m’avait ouvert une voie sûre et complètement inattendue durant l’année. De fait, j’avais en moi une grande soif de découvrir la région de celles et ceux que j’avais accompagnés pendant toutes ces années, et j’ai pu mûrir ce désir et voir s’il pourrait s’incarner dans une proposition concrète. De fait, la communauté des Frères de Saint-Jean a proposé de m’accueillir et de les aider auprès des enfants de villages défavorisés aux côtés des sœurs de mère Teresa. Je voyais bien que le Seigneur m’avait précédée, et qu’il avait tout mis en place pour que cette expérience se déroule au mieux.

Ce précieux fruit, comme une pousse qui grandit et se fortifie, a continué à m’habiter par la suite. Quelques années plus tard, il m’a aidé à prendre une nouvelle fois la route pour me rendre, cette fois-ci, jusqu’en Sibérie. Entre 2019 et 2020, j’ai vécu dans la ville de Kemerovo (au nord du Kazakhstan), où j’ai enseigné le français et l’éveil à la foi auprès d’adolescents, dans une école orthodoxe.

Un matin, alors que je regardais par la fenêtre de ma salle de classe, j’ai constaté qu’il commençait à neiger. Les Russes célèbrent toujours la première neige ! En voyant cette neige tomber, j’ai réalisé que j’étais à des milliers de kilomètres de chez moi, dans un climat très hostile, je n’en revenais pas d’être parvenue jusqu’ici… Et surtout, j’étais dans une salle de classe… M’est alors revenue en mémoire une scène où j’étais en primaire lorsque la maîtresse nous apprenait l’alphabet à l’aide de lettres tracées à la craie sur un tableau noir et d’une grande règle avec laquelle elle désignait les lettres et nous les faisait répéter. Dans mon cœur d’enfant, je m’étais dit que j’aimerais un jour, à mon tour, enseigner.

Et là, debout devant ma fenêtre en Russie, je réalisais avec surprise et enthousiasme que ce désir d’enfant était en train de s’accomplir, dans des circonstances que je n’aurais jamais pu imaginer moi-même.

C’est aussi cela, la délicatesse et la bonté de Dieu. Il n’y a pas à dire, les plans de Dieu sont vraiment faits sur mesure…

Le désir de me rendre dans le Caucase et de vivre une expérience d’enseignement en milieu œcuménique en Russie faisait également partie de mes espérances, car j’y trouvais du sens et que cela éveillait en moi l’envie de m’investir et de donner aux autres. J’avais tenté à plusieurs reprises de faire advenir ces désirs par mes propres moyens, mais rien de ce que j’avais entrepris par moi-même n’avait abouti.

Lorsque l’on met Dieu à la première place, il peut alors réaliser de grandes choses dans nos vies.

L’audace va de pair avec la confiance en la vie et en Dieu. Parfois cette dernière demande que l’on pose des actes de foi, sans vraiment maîtriser tous les paramètres. Mais l’indicateur d’une décision audacieuse bien posée est celui de la joie et surtout, de la paix.

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